Cancer: surveiller son côlon et son estomac
Ces tumeurs d’évolution lente doivent être détectées le plus tôt possible. Un nouveau test de prédiction sera bientôt disponible pour le cancer du côlon.
Un cancer très fréquent, mais de bon pronostic quand il est traité à temps: en France, le cancer colorectal touche chaque année 43.000 personnes – 3e cancer le plus commun chez l’homme et deuxième chez la femme. S’il représente la seconde cause de décès par cancer dans notre pays, on en guérit 9 fois sur 10 lorsqu’il est pris en charge au tout début. Quant au cancer gastrique, il est de 4 à 5 fois moins fréquent. Mais il se rapproche du cancer colorectal par sa lente évolution, à «bas bruit»,comme disent les épidémiologues. Comme il ne dispose pas d’outils de détection précoce, il est impératif de connaître les facteurs de risque.
Quels sont les facteurs de risque ?
On sait à ce propos que des antécédents familiaux, une mauvaise alimentation et le tabac augmentent le risque de tumeur de l’appareil digestif. En outre, la probabilité de cancer gastrique s’accroît lorsqu’on est un gros consommateur de sel, à la suite de gasrites, ou après une ablation partielle de l’estomac ; et un risque plus important de cancer du côlon et du rectum suite à une consommation excessive de viande rouge, en cas de , de maladies inflammatoires chroniques intestinales et surtout de polypes.
Moralité: il faut se surveiller d’autant plus. Car bien souvent, lorsque ces cancers se déclarent et donnent lieu aux premiers symptômes repérables à un âge avancé – en moyenne autour de 70 ans – ils sont déjà bien installés et donc plus difficiles à traiter.
Comment augmenter l’efficacité des traitements ?
Une fois ces cancers déclarés, l’enjeu est d’améliorer les moyens de suivi pour augmenter l’efficacité des traitements. Un outil important de santé publique a été mis en place pour le cancer colorectal: des kits de dépistage sont proposés gratuitement à partir de 50 ans. Ces tests – à répéter tous les deux ans – ont pour but de détecter la présence de sang dans les selles. Si le résultat est positif, une coloscopie permet ensuite de repérer – ou pas – la présence de polypes suspects, lesquels sont en général enlevés, puis examinés de près.
En cas de tumeur maligne, plusieurs thérapies pourront alors être proposées, suivant la sévérité de la maladie. «Elle est aujourd’hui appréciée par l’évaluation du degré d’extension du cancer, explique le Pr Franck Pagès, médecin immunologiste à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou (AP-HP). Cela est déterminant dans le choix du traitement et la surveillance ultérieure. Or, on la sait imparfaite, et on pressent depuis des années que la réaction immunitaire du sujet contre son cancer est déterminante dans le contrôle de la maladie.»
Plus la réponse immunitaire est forte, c’est-à-dire que le résultat du test Immunoscore est élevé, plus les effets de la chimiothérapie sont bénéfiques
Pr Franck Pagès, médecin immunologiste à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou (AP-HP)
C’est pour cette raison qu’un test immunologique est actuellement développé par des médecins de l’AP-HP et par une équipe de l’Inserm et de l’université Paris-Descartes. Leurs travaux sur 2681 patients, publiés en 2018 dans la revue The Lancet,ont examiné l’utilité de ce nouveau test baptisé Immunoscore dans le suivi du cancer du côlon. «Nous avons également présenté au dernier congrès international de cancérologie digestive une étude conduite sur un millier de personnes: elle montre que plus la réponse immunitaire est forte, c’est-à-dire que le résultat du test Immunoscore est élevé, plus les effets de la chimiothérapie sont bénéfiques.»
Au-delà de sa valeur pour le pronostic, l’Immunoscore permettrait donc de mieux orienter la surveillance et les choix thérapeutiques. Le test, qui a fait l’objet de plusieurs brevets, est en cours de mise en place dans le suivi du cancer du côlon à l’hôpital Georges-Pompidou et devrait prochainement être disponible ailleurs. Il est prévu d’étendre les investigations à d’autres types de cancers.