Or donc les Etats-Unis aussi font travailler les enfants

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On se rappelle des actualités passées aux cours desquelles les Etats-Unis prenaient régulièrement des positions tranchées sur le travail des enfants en Afrique et notamment dans des plantations de cacao en Côte d’Ivoire. Et alors qu’il tançait à tout va, une enquête du magazine américain le New Yorker a révélé que de plus en plus d’enfants et adolescents occupaient des métiers manuels dangereux dans un pays dit «développé». D’ailleurs, en prélude à la prochaine vague d’expulsion des immigrés qui va forcément impacter l’économie, le gouverneur républicain Ron De Santis de la floride a remis au goût du jour, l’utilisation renforcé du travail des enfants.

En réalité, comme l’avance le magazine, le labeur infantile n’a jamais vraiment disparu et la législation fédérale comme le Fair Labor Standarts Act de 1938 n’a interdit que le travail «oppressif» pour les mineurs. Selon le ministère du travail des Etats-Unis, il y aurait 37% de cas illégaux signalés de plus en 2022 par rapport à l’année précédente, et même 283% de plus en comparaison avec 2015.

Aujourd’hui, dans de nombreux Etats américains, l’assouplissement des règles encadrant le travail des enfants sont de plus en plus visibles dans leur législation. Ainsi par exemple dans l’Iowa, une loi permet désormais aux jeunes de 14 ans de travailler dans des blanchisseries industrielles, et avec une autorisation spéciale, des adolescents de 16 ans être employés pour des travaux de charpenterie, d’excavation ou encore de démolition. Cette loi ne s’arrête pas là puisqu’elle limite par ailleurs la responsabilité de l’employeur quand surviennent des blessures, des problèmes de santé et même la mort d’un enfant au travail. Le magazine The New Yorker rappelle que les adolescents ont deux fois plus de risques de se blesser en travaillant que les adultes.

Pour se donner bonne conscience, les législateurs mettent en avant le bien-être des enfants pour justifier ces lois. Dans l’Ohio , où les Républicains veulent proposer des règles plus souples en la matière, un porte-parole de l’Association des restaurants de cet Etat a déclaré qu’en faisant travailler plus longtemps les enfants, on réduisait leur «temps passé devant les écrans», argument éculé et bien peu convaincant.

Des enfants présents aussi dans des abattoirs

Pour aller plus loin encore, des législateurs de certains Etats ont eu l’idée de supprimer le consentement obligatoire préalable des parents. Ainsi, Sarah Huckabee Sanders, gouverneure de l’Arkansas et ancienne porte-parole de la Maison-Blanche sous la première présidence de Donald Trump, a promulgué une loi mettant fin à l’obligation pour les enfants de 14 et 15 ans d’obtenir l’autorisation parentale et un permis d’État pour commencer à travailler. Selon l’élue Républicaine, il s’agissait d’une «charge arbitraire pour les parents».

Mais pour s’opposer à cet argument, la coautrice du rapport de l’Economic Policy Institue (cercle de réflexion basé à Washington) Nina Mast a répondu à Sarah Huckabee Sanders que c’était faux.«Le document écrit en question d’une page ne contenait que des informations basiques et renseignait les parents sur le droit des enfants était une preuve, qui une fois supprimée, éliminait toute trace écrite, et rendait de ce fait le contrôle beaucoup plus difficile. C’était clairement une porte ouverte à l’exploitation.»

Pour certaines entreprises, cela ne changera que peu de choses. Selon The New Yorker, des chaînes de fast-food qui embauchent des adolescents semblent gérer les amendes liées à l’emploi des jeunes comme des coûts de fonctionnement de leur entreprise. Du moins, c’est le cas pour les franchisés, tandis que les maisons-mères collaborent avec des lobbys pour alléger la législation.

En février 2023, le ministère du Travail des États-Unis a annoncé avoir trouvé plus d’une centaine d’enfants, âgés de 13 à 17 ans qui travaillaient dans des abattoirs pour Packers Sanitation Services, une des plus grandes entreprises d’hygiène alimentaire du pays. Dans des usines gérées par des entreprises clientes, les enfants nettoyaient, de nuit, des scies à os et des fendeuses de tête avec des produits chimiques dangereux.
Beaucoup d’entre eux sont des mineurs issus de l’immigration en provenance d’Amérique centrale. Les prises de position de l’écrivain britannique Charles Dickens contre le travail des enfants et le combat mené entre la moitié du XIXe siècle et le début du XXIe, reste malheureusement encore d’actualité, peu importe le pays.

Mc Donald faisait travailler de nuit des enfants de 10 ans à Louisville dans le Kentucky

Dans le Kentucky aux Etats-Unis, célèbre désormais pour son enseigne KFC, trois restaurants franchisés de Mac Donald ont reçu une amende élévée pour avoir fait travailler des enfants.

Le département américain du Travail a officialisé la décision dans une déclaration publiée le 2 mai: ces trois franchisés sont sommés de payer 212.544 dollars (environ 192.000 euros) pour de multiples violations des lois fédérales sur le travail des mineurs. L’amende fait suite à une découverte effarante: 305 enfants étaient employés par ces restaurants dans le cadre de missions interdites aux mineurs, sans aucun respect du code du travail.

A Louisville, la plus grande ville du Kentucky, deux enfants de 10 ans étaient exploités par le restaurant local: la direction les aurait forcés à travailler jusqu’à 2h du matin, dans un environnement dangereux pour eux (huiles de fritures et plaques de cuisson) et, qui plus est, sans aucun salaire.

Les restaurants incriminés ont avancé des arguments bien curieux pour leur défense. Dans une déclaration, l’opérateur Bauer Foods affirme ainsi que «les deux enfants de 10 ans prétendument employés étaient ceux d’un manager travaillant de nuit, qui lui rendaient visite sur son lieu de travail sans être autorisés par la direction de la franchise à se trouver dans cette partie du restaurant». Mais ils ont visiblement fini par faire des frites et des McFlurry en pleine nuit.

La direction nationale de McDonald’s a vivement condamné ces actes, les qualifiant d’«inacceptables». Mais comme le fait remarquer un commentateur concernant le travail des mineurs, l’entreprise au M jaune est très loin d’être irréprochable: ses franchisés ont été épinglées à de nombreuses reprises pour avoir transgressé les règles en vigueur.

En juin 2022, un restaurant du Tennessee a par exemple été sanctionné d’une amende de 3.000 dollars (2.715 euros) parce qu’un ado de 15 ans s’était retrouvé avec des brûlures après avoir utilisé des friteuses. Et un bilan dressé en décembre 2022 concernant la région de Pittsburgh (Pennsylvanie) fait état d’une bonne centaine de violations. Dans ce même État, sept autres établissements ont également été condamnés par la justice en février 2023, pour un total de 150 situations illégales.

En raison du statut de franchisés des fast-foods incriminés, McDonald’s ne peut pas être considéré comme directement responsable de ces pratiques illégales.Une décision de justice de 2019, qui fait désormais jurisprudence, permet par ailleurs au géant du restaurant de poursuivre ses activités sans être trop éclaboussé par de tels scandales.

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