Robert Francis Prevost, ancien missionnaire au Pérou et cardinal originaire de Chicago vient d’être élu pape, succédant à François, mort le 21 avril 2025. Il devient le 267è pape de l’église catholique. Comme le veut la tradition, il a pris le nom de Léon XIV pour son pontificat en référence au pape Léon XIII, mort en 1903 connu comme ayant été un pape du catholisime social.
Décrit comme un homme discret et même timide, c’est un religieux augustinien, disciple de Saint-Augustin, animé par l’amour et l’humilité. Il parle couramment l’espagnol pour avoir vécu au Pérou, pays qu’il a d’ailleurs salué depuis le balcon de la place Saint-Pierre.
Réputé pour son sens de l’écoute, de sa maîtrise des dossiers et sa capacité à prendre des décisions, il était un des responsables de la curie (administration) romaine, chargé de la nomination des évèques du monde entier. Lors de son premier appel au monde, il a lancé un “Je vous salue Marie” et insisté sur une église catholique ouverte à tous. Les spécialistes du Catholicisme voit en lui, à la fois du François dans son approche au catholicisme social, mais aussi Benoit XVI pour la densité spirituelle et enfin Jean-Paul II qui penchait pour une église missionnaire avec un regard tourné loin vers les autres.
Appel à la paix
Pour la première fois de son histoire, l’église catholique vient d’élire un pape originaire des Etats-Unis qui n’en démeure pas moins un pape du monde entier. Il l’a attesté dans son premier appel :«Moi aussi, je voudrais que ce salut de paix entre dans notre cœur, rejoigne vos familles. À toutes les personnes, où qu’elles soient, à tous les peuples, à toute la terre: la paix soit avec vous. C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et une paix désarmante, humble et persévérante. Elle provient de Dieu, Dieu qui nous aime tous, inconditionnellement».
Toujours en poursuivant : «Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne l’emportera pas. Nous sommes tous dans les mains de Dieu. C’est pourquoi, sans peur, unis, main dans la main avec Dieu et entre nous, allons de l’avant. Nous sommes les disciples du Christ, le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière, l’humanité a besoin de lui comme pont pour pouvoir être rejointe par Dieu et par son amour».
Et d’annoncer en quelque sorte son programme: «Je veux remercier aussi tous les confrères cardinaux qui m’ont choisi pour être successeur de Pierre et marcher avec vous comme Église unie, cherchant toujours la paix, la justice, cherchant toujours à travailler comme hommes et femmes fidèles à Jésus-Christ, sans peur, pour proclamer l’Évangile, pour être missionnaires».
De préciser : «Nous devons chercher ensemble comment être une Église missionnaire, une Église qui construit des ponts, le dialogue, [une Église] toujours ouverte à recevoir, comme cette place aux bras ouverts à tous, tous ceux qui ont besoin de notre charité, de notre présence, du dialogue et de l’amour ». Enfin, il a ajouté : « nous voulons être une Église synodale, une Église qui marche, une Église qui cherche toujours la paix, qui cherche toujours la charité, qui cherche à être proche de ceux qui souffrent».
Un pape progressiste
En tant que missionnaire au Pérou, prêtre et évêque, tous ont reconnu sa spécificité dans cette partie du monde où les ressortisants des Etats-Unis sont plutôt rares. Le pape François qui veut renouveler l’épiscopat dans une démarche de proximité avec les pauvres effectue une tournée au cours de laquelle il rencontre l’évèque Prevost, le nomme à Rome en 2023 comme cardinal et dirigeant du dicastère chargé de sélectionner les évèques du monde entier.
Né le 14 septembre 1955 à Chicago, on le dit d’ascendance à la fois de française, italienne et espagnole. Après une formation en mathématique et en philosophie à l’université de Villanova de Philadelphie, il entre comme noviciat en 1977 chez les pères augustiniens où il prononce ses voeux avant de recevoir en 1982 à Rome, son ordination sacerdotale.
Missionnaire au Pérou
En 1985, alors qu’il prépare une thèse de doctorat en droit canonique, il décide de faire une expérience de terrain comme missionnaire au Pérou avec une fonction de chancelier du diocèse de Chulucanas et vicaire de la cathédrale. Son doctorat en droit canonique obtenu en 1987, il repart au Pérou en 1988 dans l’archidiocèse de Trujilo où il fonde une paroissedans laquelle, il est premier curé mais exerce aussi d’autres fonctions comme prieur, juge éccclésiastique, directeur du séminaire augustinien, préfet des études et recteur du séminaire diocésain, enseignant de droit canonique, de la patristique (étude sur la doctrine) et la morale.
En 1999, il rentre à Chicago après avoir été élu Provincial pour la région du Midwest, puis prieur général de l’ordre de Saint-Augustin, fonction qu’il exercera de 2001 à 2013.
En 2014, la pape François le renvoie au Pérou d’abord comme administrateur apostolique du diocèse de Chiclayo puis évêque en 2015 de ce même diocèse.
Un talent de médiateur reconnu
En 2020-2021, on lui ajoute en plus de sa charge d’administrateur apostolique du diocèse de Callao, celle de vice-président au sein de la conférence des évêques du Pérou et président de la commission pour l’éducation et la culture de 2019 à 2023.
A partir de 2018, lorsque surviennent les crises politiques suite aux renversements des régimes de Pedro Pablo Kuczynski, de Martin Vizcarra et Manuel Merino en 2020 ainsi que Pedro Castillo en 2022, ses talents de négociateur et de médiateur aident à une stabilité des institutions du pays.
Le pape François qui l’a certainement rencontré lors de son voyage en 2018 au Pérou, le nomme d’abord comme membre du discatère pour le Clergé en 2019, par la suite au discatère des évêques en 2020, avant de le nommer Préfet du discatère en 2023. Il est chargé à ce poste de sélectionner les premiers responsables des diocèses situés dans l’hémisphère Nord. Pendant les premiers mois d’exercice de son mandat, sa discrétion dans les médias, sa qualité d’écoute ainsi que la maîtrise de ses dossiers lui donnent un capital sympathie.
Il est cependant rattrapé par une polémique en 2000 pour avoir permis l’accueil d’un religieux membre de sa congrégation, condamné pour abus sexuels sur mineurs dans un prieuré augustinien attenant à une école. Ce prêtre a par la suite été écarté et rendu laïc.
Comme préfet du dicastère pour les évêques, sa mission a été d’appliquer les règles voulues par le pape François qui va contraindre à la démission, des évêques coupables de négligence, de couverture ou de mauvaise gestion de cas d’abus impliquant des prêtres situés sous leur juridiction. Comme François, il demande la protection des migrants, une pique envers Trump et son vice-président, comme pour leur rappeler qu’ils oublient souvent que la terre de L’Amérique appartient aux Amérindiens. Une prochaine rencontre entre Américains d’opinions contraires et divergentes est scrutée par tous même si le président des Etats-Unis s’est réjoui de son élection. Nous attendons ce jour là.